vendredi 29 janvier 2010

UN PATRIMOINE ABANDONNE

   La rivière Tarn a connu jusqu'à la fin du 19ème siècle une intense activité de transport et de navigation entre l'Albigeois et la Garonne. De nombreux aménagements ont été construits entre le 17 ème et le 19ème siècle pour améliorer les performances du transport fluvial. Navigable sur 147 km, le Tarn était équipé de 31 écluses entre Saint Juéry et la Garonne. La famille De Solages  a détenu la concession publique de navigation jusqu'à la fin d'exploitation. Les villes riveraines  possédaient leur  port fluvial et un chemin de halage permettait de tirer les gabares tout le long de la rivière.


 Rabastens, gros exportateur de marchandises (vin, meubles, bois...) possédait 2 ports, le port haut en amont de la ville et le port bas en aval.

   Les équipements du port bas ont quasiment disparu, emportés par les grandes crues de la rivière. Le port haut possède encore des vestiges de ses quais et surtout du chemin qui y conduisait. Ces vestiges sont pour la plupart immergés suite à l'élévation du niveau de l'eau provoquée depuis 1912 par le rehaussement de la digue de l'ancienne écluse qui alimente aujourd'hui les deux centrales hydroélectriques.

  Le chemin du port haut, d'une longueur de 500 m environ débouche par la "Côte du Port Haut", pavée de galets, sur la rue O'Byrne (route de Gaillac) à hauteur du n° 24. Il comporte des équipement hydrauliques particulièrement intéressants : un système complexe de captation des sources sur ses 2 côtés dans sa partie "Côte", une fontaine qui réparti l'eau, un point de puisage, un abreuvoir et un lavoir. L'eau s'écoule ensuite jusqu'au Tarn dans un fossé en maçonnerie.

  L'eau de ces sources, comme d'ailleurs les autres sources qui alimentent encore les terrons rabastinois est très calcaire. A son contact avec l'air et les végétaux, elle dépose ses minéraux qui créent des concrétions aux formes caractéristiques. Elle a malheureusement aussi l'inconvénient d'enfouir sous la pierre qu'elle fabrique certains des équipements qu'elle emprunte, comme c'était le cas de la fontaine et de l'abreuvoir du Port Haut.

  Ces lieux ont été progressivement abandonnés les uns après les autres. Le dernier abandon étant celui du lavoir, avantageusement remplacé il y a un demi siècle par le lave linge familial. Seuls quelques valeureux pécheurs ou promeneurs s'aventuraient encore entre les broussailles, les ronces et les immondices abandonnés par des habitants peu scrupuleux et par les flots du Tarn.

  Les berges du Tarn ne sont pas mieux loties. Le chemin de halage a disparu sous les flots de la rivière les broussailles, les éboulements. Il est pratiquement impossible d'accéder aux berges dans la partie urbaine du Tarn.

  Mais il ne faut désespérer de rien. En 2008, l'alerte et les premiers coups de pioche sont donnés. En 2009, un petit groupe de bénévoles se constitue et entreprend les travaux les plus urgents. Aujourd'hui ce sont plusieurs centaines de mètres de sentiers qui sont ouverts au public, le lavoir et la fontaine du Port Haut sont en cours de restauration, et bientôt sans doute, un nouveau sentier de randonnée sera mis à la disposition des promeneurs qui pourront découvrir des sites d'une grande richesse, à deux pas du centre ville.

Aucun commentaire: